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The Good Fairies of New York, de Martin Millar

samedi 30 mai 2009

Traduction française : Les petites fées de New York

The Good Fairies of New York, ou comment deux fées écossaises, kleptomanes, poivrotes et têtes brulées, se retrouvent propulsées au milieu d'un New York infesté de créatures étranges (et surtout, d'humains !). Avec un choc des cultures, et une quasi guerre-civile à la clé.

Il y a longtemps que je n'avais pas lu de fantasy urbaine de bonne qualité. Bien trop souvent, ce genre prends exemple sur son pendant médiéval, et nous offre une soupe fade, cent fois réchauffée. Point de tout cela dans ce roman, ou l'opposition entre le côté fantastique entièrement assumé d'un côté (les fairies et leurs artefacts), et un côté plus pragmatique de l'autre (ex : les "préoccupations" de Dennis, et la maladie de Kerry), traités sur un ton humoristique, voire parodique, donne un mélange rafraichissant qui aurait bien pu être issue de la plume d'un duo Gaiman / Pratchett après un verre de trop. Pas la pire des comparaisons.

Les chapitres nombreux et très courts associés à une narration nerveuse, sont un argument de plus qui donne envie de tourner les pages frénétiquement. Si je devais regretter une chose concernant cette approche, ce serait les transitions entre les scènes, qui ne sont souvent pas marquées par un chapitre, ni même un saut de ligne. On ne se rends pas toujours compte immédiatement que l'on est passé d'un groupe de personnage à un autre, d'une scène à la suivante.

En partie pour ça, et aussi du fait du grand nombre d'évènements qui s'enchaînent en un temps (et un nombre de pages) assez réduit, c'est un livre qui gagne à mon avis à être lu rapidement. Laissez-le trainer quelques jours, et pas sûr que vous puissiez facilement vous remémorer tous les détails de l'intrigue (surtout si, comme nos deux héroïnes Heather et Morag, vous avez un penchant pour la boisson).

Car comme cela semble être une habitude chez Millar (voir la chronique de Lonely Werewolf Girl), il n'y a pas vraiment ici une intrigue, mais des intrigues, composées de fils et de personnages qui s'entremêlent et se rencontrent. Cela donne au roman une ambiance très vivante, mais peut perdre un peu le lecteur pas suffisamment attentif.

D'autant que l'auteur favorise l'action et les dialogues plutôt que les descriptions, qu'elles soient de lieux ou de personnages. Ces derniers sont d'avantage définis par ce qu'ils font, que par ce qu'ils sont.

C'est quoi qu'il en soit un point de vue peu commun sur la nature des fairies, et si comme moi, vous connaissez peu de fantasy urbaine de qualité, il est difficile de laisser passer The Good Fairies of New York.

Lonely Werewolf Girl, de Martin Millar

dimanche 24 mai 2009

Pas de traduction française.

Comme son titre le suggère astucieusement, Lonely Werewolf Girl est une histoire de loups-garous. Mais il ne s'agit ni des monstres sanguinaires qui se sont perpétués depuis les légendes traditionnelles jusqu'à Buffy the Vampire Slayer, ni des nobles lycanthropes en harmonie avec la nature sauvage à la sauce White Wolf, ni d'un mélange des deux tendances. Les loups-garous de ce roman de Martin Millar (où ils constituent la majorité des personnages) sont avant tout des individus. Leur nature inhumaine fait bien entendu partie de ce qu'ils sont, mais elle est très fréquemment éclipsée par des éléments de leur personnalité et des manières de s'adapter au monde moderne qui sont au contraire très humains.


La "lonely werewolf girl" s'appelle Kalix. C'est l'archétype de l'adolescente perturbée : impulsive, asociale, angoissée, violente, à peu près illettrée, anorexique sous forme humaine et boulimique sous forme lycanthrope, elle se taillade régulièrement la chair, dort n'importe où, ne se lave pas, se drogue au laudanum et est obsédée par le souvenir du petit ami avec lequel elle a couché à l'âge de quatorze ans. Kalix est aussi la fille du chef de clan des loups-garous d'Écosse. Elle hait son père et l'a grièvement blessé au cours d'une dispute, ce qui a fait d'elle une fugitive pourchassée.


Kalix est ce qui se rapproche le plus d'un personnage central, mais il serait très exagéré de dire que l'histoire tourne essentiellement autour d'elle. Il y a en tout une bonne douzaine de personnages qui pourraient être qualifiés de principaux et qui ont chacun leurs désirs, leurs projets et leurs relations avec les autres : Daniel et Moonglow, deux humains qui rencontrent la jeune loup-garou par hasard ; Sarapen et Markus, les deux frères de Kalix, qui vont se disputer sauvagement la succession de leur père ; Thrix l'Enchanteresse, soeur de Kalix, qui souhaiterait que toute sa famille la laisse exercer son métier de styliste en paix ; la Reine du Feu Malveria, principale cliente de la précédente, qui désire une garde-robe à faire blêmir de jalousie les autres souveraines de dimensions surnaturelles ; Verasa, mère de Kalix, qui est prête à tout pour que ce soit son fils Markus qui devienne chef de clan ; et encore bien d'autres.


De même, le scénario n'est pas centré autour d'un axe unique et clairement défini : il se compose de nombreux fils, qui se croisent et se mélangent constamment. Martin Millar les orchestre avec beaucoup d'adresse et les pimente de nombreuses surprises. Le roman est divisé en pas moins de 236 chapitres - aucun d'eux ne faisant plus de quelques pages - et bondit avec aisance d'un élément de l'histoire à un autre. Le rythme est vif, le style laconique et il n'y a vraiment aucun moment où on puisse juger que les choses traînent en longueur. Il y a de fréquentes touches d'humour dans l'histoire, ce qui ne l'empêche pas d'être sérieuse et parfois sombre.


Lonely Werewolf Girl est un roman inhabituel par son refus de l'unité classique, une lecture très plaisante grâce à sa fraîcheur et sa vivacité et une histoire intéressante par son originalité et ses personnages très bien développés. Il n'est pas traduit actuellement mais le sera peut-être à l'avenir : la version française d'une oeuvre précédente de Martin Millar, The Good Fairies of New York, vient tout juste de paraître, dix-sept ans après sa publication d'origine.

Auteur de cette chronique : Outremer

Mini-dossier Martin Millar


Martin Millar est un auteur écossais vivant à Londres, assez peu connu de par chez nous, mais qui a notamment remporté le World Fantasy Award 2000 pour le premier volume de sa série Thraxas (sous le nom Martin Scott).

Les prochains posts seront consacrés à deux de ses oeuvres, que l'on pourrait rattacher au sous genre de la fantasy urbaine.

Le premier, sur Lonely Werewolf Girl, sera l'oeuvre de mon estimé collègue Outremer, qui sévit entre autres sur Le Coin des Lecteurs.

Le second, sur The Good Fairies of New York (VF : Les petites fées de New York) sera écrit par votre serviteur.

Pour en savoir plus sur cet auteur, vous pouvez consulter son blog à http://martin-millar.blogspot.com/

Teatro Grottesco, de Thomas Ligotti

samedi 9 mai 2009

Pas de traduction française.


Thomas Ligotti est un auteur américain assez peu connu, sévissant dans un genre que l'on pourrait qualifier d'horreur psychologique. Malgré sa popularité très relative, Ligotti a un statut assez particulier, étant considéré comme un génie et un auteur culte par beaucoup de ceux qui se sont risqués à lire quelques unes de ses nouvelles horrifiques.

Le (très) court recueil In a Foreign Town, In a Foreign Land que j'avais lu par hasard il y a quelques mois, m'avait suffisamment intrigué pour que je décide d'acheter un de ses derniers recueils : Teattro Grottesco.

Si H.P. Lovecraft peut être considéré comme un descendant spirituel d'Edgar Allan Poe, Thomas Ligotti peut tout aussi bien être décrit comme le successeur moderne de Lovecraft. Les deux hommes sont adeptes d'une horreur suggérée basée sur une ambiance pesante, des personnages extrêmement négatifs, une vision de l'humanité tout à fait nihiliste, et des jeux de langages à répétition.

Sur tous ces points, Teatro Grottesco semble s'inscrire au coeur de l'oeuvre de son auteur : on ne compte plus les descriptions de villes fantômes perdues loin de toute civilisation, des personnages souffrant de dégradation physique ou intellectuelle, et de portraits peu ragoutants des populations locales (qui ne sont bien évidemment que des métaphores pour l'humanité en général).

Si il y a un point que j'ai particulièrement aimé dans ce recueil, c'est que chaque nouvelle à sa propre identité. Nous ne sommes pas dans un recueil de Lovecraft, ou seuls une poignée de textes sont dignes d'intérêts, les autres n'étant que des variations et régurgitations des mêmes thèmes. Je soulignerai aussi que les textes de Ligotti sont en moyenne plus courts, moins sujets aux répétitions excessives, et digressent moins que ceux de son illustre ainé.

Ce qui manque peut-être à ce recueil de bonne qualité, c'est un texte vraiment au dessus du lot. Car si les nouvelles ici présentes sont presque toutes bonnes, j'aurais espéré encore mieux. Dans l'état, c'est un recueil qui plaira certainement à la plupart des lecteurs habituels de ce genre si particulier, mais qui ne suffira pas forcément à convaincre les réfractaires.