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La Porte, de Karim Berrouka

lundi 24 mars 2008

Auteur francophone.

Un nain tout de métal bardé errant dans le désert, deux Loups-Garous philosophes - et une légère crise de foi -, trois femmes belles et mystérieuses, une horde de barbares à l'humour barbare et aux manières barbares, vingt-quatre cadavres presque morts et une pénurie d'allumettes... Et bien sûr, une porte. Ouverte ou fermée, grattée, toquée ou explosée, de chêne (massif, renforcé de fer forgé) ou de frêle bouleau, elle est le pivot grinçant de ce petit conte férocement dégondé.

Que ce soit au niveau de l'imagination, des jeux de mots ou des évènements scénaristiques délirants, Karim Berrouka n'a pas grand chose à envier à Terry Pratchett. La Porte est un conte très amusant, juste de la bonne taille pour ne pas s'essouffler, et une distraction bienvenue entre deux lectures plus sérieuses.

On suit avec plaisir et consternation les réflexions culinaires ou hautement philosophiques de nos deux personnages principaux (nommés affectueusement Premier Loup-Garou, et Deuxième Loup-Garou), opposés à un monde cruels qui ne les laissera pas digérer (un plat de missionnaires) en paix. Tous cela à cause d'une maudite porte.

Si La Porte n'est certainement pas le livre qui changera votre vie, il pourrait bien vous faire passer un très agréable moment...si une horde de barbares ne vient pas brusquement interrompre votre lecture.

Toc ! Toc !

Cities, anthologie de Peter Crowther

dimanche 23 mars 2008

A Year In The Linear City, de Paul Di Filippo
The Tain, de China Miéville
Firing the Cathedral, de Michael Moorcock
V.A.O, de Geoff Ryman


J'ai lu récemment une anthologie de quatre novellas, nommée Cities. Le thème est la place de la Ville dans un récit fantastique/fantasy. Les cuisiniers sont Michael Moorcock, Geoff Ryman, China Miéville, et Paul Di Filippo. Je me suis procuré le livre en occasion, surtout attiré par les deux derniers noms. Le premier m'est relativement antipathique, le second m'indiffère.


A Year In The Linear City

Le concept de la novella de Paul Di Filippo m'intriguait beaucoup : Une ville monde sous forme d'un très long boulevard unique de chaque côté duquel vivent des millions de personnes. Pour aller d'un bloc X au bloc X+1000000, il faut des semaines. D'un bout à l'autre du boulevard (si tant est qu'il y ait réellement des extrémités, personne ne le sait), les gens ne parlent pas le même langage, n'ont pas le même climat...Avec quelques éléments de fantastique saupoudrés un peu au hasard, il y avait du potentiel.

Problème : le scénario et les personnages n'ont rien de très intéressant, et l'univers n'est pas suffisement exploité, se contentant de rester en toile de fond alors qu'il aurait pu piquer la vedette à un scénario franchement faiblard.

Dans le même genre, j'avais lu la nouvelle "The Concentration City", écrite en 1957 par J.G. Ballard, qui est beaucoup plus intéressante et va beaucoup plus loin, tout en étant quatre fois plus courte. J'avais entendu de bonnes chose (et de moins bonnes) sur Di Filippo, mais pour aujourd'hui je me contenterais d'un "mouais".

Firing the Cathedral & V.A.O

Je ne m'étendrais pas sur les textes de Moorcock et de Ryman, qui n'ont rien de très passionnant à dire, et aucun rapport vraiment satisfaisant avec le thème de l'anthologie. Les nombreuses citations qui ponctuent la novella de Moorcock sont par contre très bien choisies, mais c'est bien la seule chose qui m'a agréablement surpris. C'est peu.

The Tain

Enfin. Le texte le plus intéressant, de loin, et celui de China Miéville : The Tain. Miéville n'est pas vraiment mon auteur préféré : j'ai bien aimé son King Rat, sans plus, mais j'ai trouvé Perdido Street Station assommant de verbosité. Ceci dit, Miéville a souvent des idées intéressantes, qu'il aime véhiculer en compagnie de gros monstres baveux (ce qui s'appelle joindre l'utile à l'agréable). J'avais donc de l'espoir pour son texte, le format novella étant normalement un bon remède contre la diarrhée du clavier dont sont atteints beaucoup d'écrivains de fantasy.

Mission accomplie, le texte de Miéville est percutant (un Londres post-apocalyptique ultra-violent), inspiré (des réflexions pas très naturelles, des petites bêtes très énervées, des vampires pas franchement cool), opportuniste mais humble (l'auteur avoue avoir piqué l'idée dans un texte de Borges), et incite à la réflexion : l'humanité décimée se bat contre un envahisseur qui nous ressemble décidément beaucoup. (qui a raison ? qui a tord ? le combat a-t-il vraiment un sens ? ). Via des chapitres alternés, l'auteur nous présente le point de vue des deux factions, mais aussi d'un être assez étrange, puisqu'il n'appartient à aucun des deux camps.


Pour conclure sur cette anthologie : à 5 € d'occasion, je ne me sent pas volé, mais c'est dommage d'avoir gâché un thème avec autant de potentiel en sélectionnant des textes avec aussi peu d'intérêt (à part The Tain). Finalement, ce sera surtout l'occasion de rayer quelques auteurs de ma liste à lire, ce qui fera plaisir à mon porte-monnaie. On se console comme on peut.